LANDS OF MY LIFE

LANDS OF MY LIFE
fracture archaïque et indicible trop vite pétrifiée
d’une incapacité à aboyer avec les chiens
j’ai conçu une citadelle que nul n’assiégea,
solitaire en pays tartare,
lieu de désillusion sali par l’espérance
d’où j’ai pu contempler
des myriades d’ombres de mes semblables
dansant en contorsions grotesques à l’horizon factice,
où j’ai savouré les plus noirs et délicieux vertiges
en compagnie de quelques anges devenus icônes,
fantômes intouchables et lumières salvatrices dans mon éternité

LANDS OF MY LIFE
croûtes de mes plaies persistantes
des trous d’obus béants
de mes manques et de mes vides systémiques,
sommets de lumière érodés par le vent
visions fulgurantes vers l’infini de grèves désertes
et des fragiles herbes de mes hésitations fatales
J’étais trop ambitieux certes
mais trop timoré pour avancer vraiment sans peur de me blesser

LANDS OF MY LIFE
tous ces chemins évités, ignorés, effacés mais jamais oubliés
et qui menaient peut-être à l’océan
quelques instants de grâce
chichement accordés
et les artefacts empoisonnés
de ce que j’ai été trop retenu par les sables mouvants de la vie ordinaire
sans espoir et sans grâce
j’ai sans doute péché par orgueil
j’ai regardé trop haut
et c’est là ma seule œuvre
et aujourd’hui ne reste
que la force de ma vertu
que l’honneur d’un combat inégal et d’une défaite assumée…

https://youtu.be/of2Iab0ACYI

Un sale coup

12 FEVRIER 2020
Une colonie de sales virus me tombe sur le paletot et s’installe dans les couches épiteliales de mes bronches via les voies supérieures. Des sales bêtes qui se nichent dans cette couche pour se reproduire et au passage les faire éclater. Presque aussi méchantes et dévastatrices que l’espèce humaine sur l’écorce terrestre.
Je me retrouve donc cloué violemment au lit, ce qui présente tout de même un meilleur confort que la croix du Christ, lequel aurait considéré ma situation comme du pipi de bourgeois.
Mais bon, laissons de côté les considérations logistiques pour continuer sur notre lancée aussi enflammée que mes bronches.
Aujourd’hui Dimanche 23 février, suite à la demande de Gilles Lopez concernant un transport de livres (c’est son occupation favorite, même le dimanche et jours fériés) que je ne peux assurer il m’apprend qu’au final c’est Philippe Szechter AKA Super Malabar qui va s’y coller.
Mais oui c’est bien sûr! que n’y pensai-je plus avant? Dr Malabar à mon secours! je vais l’implorer d’intervenir d’urgence dans le cadre de SOS Super héros avec son break et ses malabars macrophages pour nettoyer le terrain et anéantir ces foutus envahisseurs de mes précieuses bronches qui me rendent je dois le dire bien des services.
Réponse brutale du cynique Gilles « souffle dans un Malabar pour faire une bulle: les miasmes seront emprisonnés ».
Moi: NAAAAAAAAAAN !!!!!! je veux Dr Malabar himself in person! sinon je mourrai! (quoique… c’est justement la bonne occas pour me faire la malle de cette vallée de larmes… ça demande réflexion, j’y penserai dès demain). Et dis-lui d’apporter son matos complet: bombes Malabar, laser spécial virus bronchitique et tant qu’à faire un coup d’aspirateur pour évacuer les quelques résidus de nicotine qui habillent l’intérieur de mes organes respiratoires, ça ne peut pas faire de mal.
Réponse laconique et toujours brutale du très très sardonique Gilles : « inhalations d’eau de Javel ».
Sinon ya bien Pierrick Sorin Super Héros avec son laser vert et son œil torve et affuté qui ferait l’affaire, mais il est en déplacement dans la fosse des Mariannes pour présenter sa dernière boîte optique à un groupe d’éponges pour tester son impact zygomatique et développer ses activités en grandes profondeurs.
Bref je suis dans l’impasse, il ne me reste plus qu’à écrire cet article débile en attendant des jours meilleurs. Priez pour moi!
Et Gilles, je parlerai de toi à mes virus, ça pourrait les intéresser…

Protocoles de disparition

1/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur un timbre-poste, coller le timbre-poste sur enveloppe vide que l’on envoie à un inconnu. En sortant de la poste traverser juste devant le tramway.

2a/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur une feuille de papier à cigarette, rouler une cigarette avec cette feuille, la fumer lentement puis disparaître suivant la méthode de son choix.
Faire mélanger ces cendres à ses propres cendres dans une urne en forme de poire, faire reposer puis jeter au feu le tout.

2b/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur un ruban de papier constitué de feuilles de papier à cigarette, avant de disparaître suivant la méthode de son choix, en plonger l’extrémité dans de l’encre noire. Le temps fera le reste.

3/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur un ruban de papier constitué de feuilles de papier à cigarette, avant de disparaître suivant la méthode de son choix le suspendre en plein air. Les intempéries feront le reste.

4/ Enregistrer minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur une bande magnétique, avant de disparaître suivant la méthode de son choix mettre en mode réenregistrement.

5/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur des boules de papier, avaler toutes les boules de papier et mourir d’étouffement.

6/ Graver minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur des tablettes de pierre ; disposer ces tablettes dans un bac. Remplir d’acide. Disparaître suivant la méthode de son choix (éventuellement en se jetant dans le bac, solution facultative). La réaction acide-base fera le reste.

7/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur du papier d’emballage. Emballer un bâton de dynamite dans ce papier, allumer la mèche et attendre sans s’éloigner. L’explosion fera le reste.

8/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur les feuilles d’un arbre à l’automne. La chute des feuilles et l’hiver qui approche feront le reste. Disparaître suivant la méthode de son choix au printemps.

9/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur la ligne blanche d’une route départementale, continue ou non. Continuer jusqu’à épuisement du sujet, se coucher sur la route et attendre.

10/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur des pelures de pommes de terres. Donner ces pelures à manger à un cochon, envoyer le cochon à l’abattoir puis suivre le même chemin en se faisant passer pour un autre cochon.

11/ Énoncer minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec à un escargot, faire fricasser l’escargot, le déguster lentement puis manger jusqu’à mourir d’indigestion.

12/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur des chiffons rouges, attacher ces chiffons de manière lâche à une canne à pêche, s’installer au bord d’une mare, faire enlever les chiffons par les grenouilles, brûler la canne à pêche puis se noyer.

13/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec sur un ruban de papier d’un seul tenant, introduire ce ruban dans sa bouche puis continuer à écrire en l’ingérant au fur et à mesure et jusqu’à étouffement.

14/ Mettre un aspirateur en route, énoncer clairement dans l’embouchure sa vie et les pensées qui vont avec, arrêter l’aspirateur, en extraire la poussière, la brûler. Redémarrer l’aspirateur et aspirer tout l’air des poumons jusqu’à étouffement.

2532 et fin/ Noter minutieusement sa vie et les pensées qui vont avec de toutes les autres manières envisageables et jusqu’à mort complète.

L’heure

L’heure n’est plus à la discussion l’heure est au drame
pour dire ce qu’on peut encore dire qu’on doit dire
pas pour rire pas pour s’occuper
l’heure n’est plus à l’heure
dépouillée écorchée
l’heure est à l’organe organiiiiiiique cliniiiiiiue
l’heure n’est plus aux petites cuisines aux petits plats garnis
l’heure est
aux
pieds
dans l’plat / des platitudes habituelles impuissantes à combler ce vide intersidéral
à calmer cette douleur intercostale
ce syndrome de la vérité essence ultime
tension fondamentale
scansion récurrente et fonction de base.
effort inutile définitivement inutile
point omega de la viande des tripes et de la cervelle
tentative erronée d’un désir aberrant
projet inadéquat
stigmate par trop consistant
encroûté
infecté
et sanguinolent
exorcisme sans effet de l’inconsistance universelle
AUTANT LAISSER TOMBER!

Conclusions temporaires : chronique d’un échouage annoncé

Echouage annoncé d’une barque fatiguée par le courant, qui commence à se défaire et préfère le repos des rives boueuses à la violence des courants impétueux.
IL DISAIT il est temps de me retirer, d’ailleurs pourquoi en parler ?
Je suis plus attiré par une fadeur reposante que par des performances brillantes. En fait j’ai envie de me dissoudre comme cette barque qui verra peu à peu ses constituants se dissocier les uns des autres, jusqu’à ce que la notion de leur existence même n’ait plus court. Il arrivera un moment ou l’on ne pourra plus la définir que comme du bois pourri.
IL DISAIT j’ai assez ou pas assez peut-être fréquenté la compagnie des hommes pour en voir les limites. La marchandisation des rapports humains me lasse ; l’économie de nos rapports sociaux n’apporte pas une réponse suffisante aux esprits exigeants. En vouloir plus voilà le handicap, finalement avoir une haute idée de soi et pécher par orgueil.
Bien sûr ceci est d’abord une manifestation de dégoût à l’égard de cette société, c’est avant tout un constat discret, un relevé de position de mon voyage sur terre. J’ai souvent cette impression étrange d’ailleurs de n’être que de passage, de n’avoir trouvé aucune famille aucun ami et de n’avoir à compter que sur moi-même. Conséquence d’une suite d’événements, maillon insignifiant d’une chaîne de relations de cause à effet prenant l’apparence de la cohérence mais en fait histoire sans finalité comme un nuage de poussières errant dans le vide sidéral.
Ceci pour dire que l’impression de vide de sens est certainement la plus jouissive, la plus réelle, la plus consciente, c’est la jubilation de se sentir enfin dans le monde, de le toucher du doigt. Je ne suis rien donc je suis tout car disponible totalement. C’est là la plus grande liberté possible, la seule qui ne soit pas source d’attachement.

DISSOLUTION
Donc la barque va glisser le long des berges, ses couleurs déjà diluées vont s’éteindre peu à peu, ses formes vont se dissoudre, ses composants vont se dissocier comme ceux d’un cadavre. Le plus intéressant est de savoir à quel moment ce ne sera plus une barque.
No man’s land entre l’existant et l’inexistant, l’être et le néant.
A la limite de la forme des choses, qu’elle soit sonore, visuelle, auditive ou autre… à quel moment un son sera-il une voix humaine, quel est l’élément infinitésimal qui créée l’être, le point de passage ?
Identité, force de cohésion interne, du même type que le magnétisme ou la gravité, dont le champ d’application est le vivant. Le jour où cette force d’attraction réciproque se rompt le corps se dissout ainsi que l’âme qui en est la sublimation, cette âme, cette vie qui sont sans doute expression pure de la matière, contenus en elle comme l’ordre émerge du chaos, comme l’essence subtile du parfum d’une fleur, comme les probabilités statistiques émergent du hasard pur.
Cette conscience, cette âme, sont ainsi les purs produits d’un phénomène sans importance: l’apparition à un moment donné d’une cohérence matérielle, de la cohésion temporaire de cellules, jusqu’à la dissolution finale que l’on appelle la mort, et lors de laquelle cette essence subtile s’évanouit non pas parce qu’elle meurt mais parce qu’elle n’a jamais existé de manière autonome, tout simplement, et que le corps matériel qui la produit et que l’on croit retrouve sa vraie nature au-delà de son image: un conglomérat anecdotique et accidentel d’autres moins complexes et plus discrets, ainsi de suite jusqu’à l’infiniment petit. Ce sont même ces événements fortuits de l’infinitésimal qui par un effet d’amplification vont déboucher sur la création de bulles de vie, de bulles de conscience.
Ainsi le macroscopique est l’émanation de l’infinitésimal, l’émergence de la conscience est l’émanation de l’existence physique car sans cette conscience qui clamera cette existence ?
Peut-être le cosmos se rêve-t-il en permanence, peut-être ces grumeaux d’existence ne sont-ils là que pour affirmer son existence, peut-être ne sommes-nous là que pour prononcer son nom et par là même le faire exister. Au commencement était le verbe, cela ne voudrait-il pas dire qu’avant le verbe rien n’existait parce que rien n’était là pour le prononcer ?
Idem pour le temps, l’espace, qui n’émergent qu’à un certain niveau de taille de la matière, émanations encore plus subtiles, dimensions relatives.
Un monde d’émanations, voilà où nous vivons, un monde de hasard, d’essences subtiles, de forces de cohésions variables. Un monde de poupées russes, où la brique de base c’est l’énergie pure qui est à l’origine de tout.
Un monde en combinatoires perpétuelles, comme nos sociétés, nos cultures, nos rencontres personnelles.
Un monde de vent et de vagues, profond comme l’océan et insaisissable comme l’eau.
Un monde où remontent les hasards, comme les organismes marins du fond des abysses.
Car ce monde est le fruit du hasard, il s’auto-génère seul en permanence en multipliant les combinaisons.
IL DISAIT
L’avantage de ne pas exister ? ne plus se battre, ne plus souffrir. Devant l’implacable cruauté d’un monde pour qui nous ne sommes rien autant jeter l’éponge, à quoi bon lutter pour tenir dans le courant. Autant se saborder, ce sera pénible mais court, autant ne plus courir pour ne pas tomber, ce sera enfin le repos, autant lâcher prise, ce sera au moins un vrai choix et la seule liberté de l’homme. Devant cet accident qu’est la conscience, devant nos yeux ouverts par hasard alors que nous devrions être aveugles, nous qui voyons des choses que nous ne devrions pas voir, enfants du monde qui ont franchi le seuil de notre caverne, sourds recouvrant l’ouïe par accident, et en tenant compte que cette capacité de voir n’est liée à aucun moyen d’agir ou de changer les choses, la solution n’est-elle pas de s’échapper du fleuve en approchant des berges, en allant s’échouer dans le boues du rivage? la solution n’est-elle pas de se faire la belle en perdant cette conscience, ce regard sur nous-mêmes, en se noyant dans l’oubli, en se collant à l’instant présent comme la mouche au ruban ?
IL DISAIT certes j’ai parfois des sursauts de vie, des élans d’ouverture, parfois quelques raies de lumière troublent mon univers opaque. Parfois je reçois des signaux d’autres êtres, des signaux dans le brouillard. Le plus difficile est d’accepter ma plus grande faiblesse, l’acceptation des rigidités et des contraintes de mon environnement ; là je suis un faible, je le sais. Là je n’ai pas la force de vivre, je le sais. Je pourrais pourtant, j’ai perdu des amis par faiblesse, par incapacité d’être ce que je suis. Ma seule force : connaître ces faiblesses.

Le chemin

c’est dans les vagues du jour répété
qu’il sculpte son œuvre maudite
de sculpteur à sculpté
il imprègne l’argile
il ouvre une bouche au cri de silence
cheminant comme tant d’autres de son espèce
il donne forme à sa misère
et même écrire est difficile
tant sa vie lui a brisé les mains
de sculpteur à sculpté
il imprègne la masse
de son absence confirmée
de son absence confirmée
il ne sait peut-être même plus hurler
tant sa bouche a été murée
il se dit que peut-être
la vie peut venir le chercher
espoirs battus
sentiers coupés
il ouvre son âme au silence
au doute
à l’amertume
il voudrait en finir
mais pieds et poings liés
le temps qui passe l’englue
sur son ruban aphone et gris
le temps le tue
le temps le tue
le temps le tue…
car il faut vivre
quitte à souffrir des moindres maux
quitte à ce que l’amour s’effile
quitte à ce que les mots se vident
du vital à l’inerte!

Sur les rails

nocturne dans une gare de triage

nuit sombre et glaçante
il va au charbon dans la fumée porteuse de mort
l’horizon se dessine au lointain improbable des zones limitrophes
dans sa main calleuse pèse de tout son poids un lourd sabot d’acier froid qui lui glace les os
entre les rails l’homme avance sans âme
sur les rails progresse le lourd wagon chargé de silence sombre
homme et bête unis pour la fusion suprême…

Silencio

Témoignage d’un vivant au seuil de la disparition

il était un temps où j’adhérais à “je n’aime pas les hommes mais j’aime le bruit qu’ils font » maintenant j’en suis à “je n’aime pas les hommes ni le bruit qu’ils font » c’est sans doute une grande lassitude qui m’envahit un chemin sans retour sans repentir vaines discussions monologues subis verbiages masturbatoires vide absolu néant total couinements de primates cacophonie stérile acouphènes langagières et logorrhées du néant
TAISEZ VOUS
faces hilares et réjouies des quelques fientes que vous dispensent vos petites vies, que vous chie dessus l’existence
TAISEZ VOUS CINQ MINUTES !
le temps que s’installe un peu de silence
trop bavards trop bruyants trop remuants, saoulants, qui s’insinuent par touts les pores de notre cerveau, insidieux filandreux médicamenteux
TAISEZ VOUS TOUS
et laissez moi un peu me vider me purger chier toute cette merde des mots et ces envies stériles
et toi saleté d’espoir va te faire voir dans le trou du cul du monde lâche moi une fois pour toutes que je puisse en fin me coucher et dormir
DÉFINITIVEMENT

On the road

allongé l’obscurité des camions pourris sur la route
il respire au ralenti allongé dans l’obscurité
voyage long et stade fœtal le monde en implosion
afrique voyage en lui le continent noir comme révélateur
si proche charnel
voyage express la route et les camions la pluie
après des routes sans âme Bordeaux la grise traversée silencieuse puis la descente sur Bayonne qui éclate au soleil!
cour de ferme au soleil caquètement des volatiles qui éclabousse le soleil levant…
au passage une nuit sous un escalier et le lendemain l’odeur de l’urine des sommeils blancs sur des bancs froids sur des remparts glacés étrangeté du décalage quand la journée vire au transparent
l’homme parle odeur du gas-oil puissance sourde du moteur 40 tonnes glissent comme en un rêve Charon te mène à ta découverte
c’est la descente immaculée c’est vers le fond de soi
sur la route gît la vieille gangue incrustée de scories
sur la route l’avant devient l’après
l’habitude a passé la main
traverse des pyrénées dans la chair de la brume étouffant le monde
d’espagne en andalousie royaume de l’astre jaune
les rires chauds et les pleurs de sang de la liberté en lutte
la misère et la gloire
charnière limitrophe de l’autre monde
odeurs fébriles de la terre ocre odeurs de chair sèche et de peau fumée
parfums d’épices non volatils épanouis dans la fange
le monde révélant ses charnels secrets
la femme est voilée l’homme est glabre ils sont odeurs de cuir et de musc
sans transitions
ils sont de la terre où ils vivent
et le nouvel homme qui arrive souffre d’absence et d’opacité
vérité dans la position couchée dans l’arrêt des fonctions premières pour atteindre enfin au présent de toujours à l’état solide
mémoire d’un moment éternel couché dans la saumure d’un silence absolu