Le chemin

c’est dans les vagues du jour répété
qu’il sculpte son œuvre maudite
de sculpteur à sculpté
il imprègne l’argile
il ouvre une bouche au cri de silence
cheminant comme tant d’autres de son espèce
il donne forme à sa misère
et même écrire est difficile
tant sa vie lui a brisé les mains
de sculpteur à sculpté
il imprègne la masse
de son absence confirmée
de son absence confirmée
il ne sait peut-être même plus hurler
tant sa bouche a été murée
il se dit que peut-être
la vie peut venir le chercher
espoirs battus
sentiers coupés
il ouvre son âme au silence
au doute
à l’amertume
il voudrait en finir
mais pieds et poings liés
le temps qui passe l’englue
sur son ruban aphone et gris
le temps le tue
le temps le tue
le temps le tue…
car il faut vivre
quitte à souffrir des moindres maux
quitte à ce que l’amour s’effile
quitte à ce que les mots se vident
du vital à l’inerte!