Les vacances

Ah les retours de vacances !

On pourrait penser que les vacances, par étymologie, sont propices à la vacuité.
Que nenni ! il s’agit plutôt d’un sport collectif qui consiste à remplir le vide temporel et spacial. Il s’agit essentiellement d’acquérir de la valeur supplémentaire, de remplir frénétiquement le vide intérieur, propre à tant d’individus, de souvenirs valorisants.
Sillonner l’espace terrestre et compresser dans un minimum de temps le maximum d’ersatz d’expériences. Hystérie de nos contemporains, panique devant le vide de l’existence.
« Tu as bougé cet été? », pour vérifier qu’on a bien suivi l’injonction communément admise. Eh oui, la performance est de mise : on comptabilise le nombre de kms parcourus, les nouvelles rencontres, et surtout on va le plus loin possible. Je vois à ce propos que la grogne contre le tourisme est un phénomène nouveau (et intéressant). Ce tourisme qui est la plus profonde des illusions, galvaudant l’idée du voyage dans ce qu’elle a de plus noble, ce tourisme où l’on achète la jouissance de lieux précieux en aliénant leurs habitants par une dépendance à cet argent facile. Ce tourisme qui ruine nombre de cultures authentiques.
Et le bouquet c’est la rentrée, où il faut par politesse subir les récits de ces aventures standarisées, illustrées de milliers de photos d’amateurs sans intérêt si ce n’est pour celui qui les a prises.
Par chance les soirées diapos ont disparu de la circulation ! (tiens, si on s’en faisait une pour se souvenir comment on somnolait dans la pénombre, bercé par le claquement régulier du chariot…). Quoique… au moins on pouvait dormir un peu, tandis que devant un écran de smartphone on est à découvert.