On the road

allongé l’obscurité des camions pourris sur la route
il respire au ralenti allongé dans l’obscurité
voyage long et stade fœtal le monde en implosion
afrique voyage en lui le continent noir comme révélateur
si proche charnel
voyage express la route et les camions la pluie
après des routes sans âme Bordeaux la grise traversée silencieuse puis la descente sur Bayonne qui éclate au soleil!
cour de ferme au soleil caquètement des volatiles qui éclabousse le soleil levant…
au passage une nuit sous un escalier et le lendemain l’odeur de l’urine des sommeils blancs sur des bancs froids sur des remparts glacés étrangeté du décalage quand la journée vire au transparent
l’homme parle odeur du gas-oil puissance sourde du moteur 40 tonnes glissent comme en un rêve Charon te mène à ta découverte
c’est la descente immaculée c’est vers le fond de soi
sur la route gît la vieille gangue incrustée de scories
sur la route l’avant devient l’après
l’habitude a passé la main
traverse des pyrénées dans la chair de la brume étouffant le monde
d’espagne en andalousie royaume de l’astre jaune
les rires chauds et les pleurs de sang de la liberté en lutte
la misère et la gloire
charnière limitrophe de l’autre monde
odeurs fébriles de la terre ocre odeurs de chair sèche et de peau fumée
parfums d’épices non volatils épanouis dans la fange
le monde révélant ses charnels secrets
la femme est voilée l’homme est glabre ils sont odeurs de cuir et de musc
sans transitions
ils sont de la terre où ils vivent
et le nouvel homme qui arrive souffre d’absence et d’opacité
vérité dans la position couchée dans l’arrêt des fonctions premières pour atteindre enfin au présent de toujours à l’état solide
mémoire d’un moment éternel couché dans la saumure d’un silence absolu