Auteur/autrice : jak

L’Erdre, plus belle rivière de France selon François 1er (cdlr: on n’hésite pas sur les lieux-communs qui nous arrangent pour faire de la propagande municipale), peut réserver quelques désagréables surprises aux promeneurs. Mr X…, qui a souhaité rester anonyme, est là pour en témoigner. Reportage.

Mercredi 11 juin vers 15h notre témoin clef, flanant en aval de la rive gauche du pont de la Jonelière, a son attention attirée par un objet non identifié (c’est ce qu’il croit) baignant dans l’eau. Etant curieux de nature il ne pas résiste pas à l’envie d’en savoir plus et s’approche de la chose. Et là c’est le choc…

Témoignant devant notre journaliste Christophe D. de Mareuil il évoque le traumatisme qu’il a subi.
“Guidé par la curiosité je me suis avancé au bord de l’eau et une scène insoutenable s’est dévoilée à moi. Un cadavre dans un état avancé de décomposition flottait dans l’eau saumâtre du bord, et ce sans doute depuis un certain temps. Je ne souhaite pas en dire plus car je suis encore sous le choc.”
Les hypothèses vont bon train bien sûr quant aux origines de cette macabre découverte. Un plaisancier tombé de sa Marge? un règlement de compte crapuleux? on évoque même la possibilité d’un suicide consécutif à la vision éprouvante de la performance de Royal de Luxe avec la Grand-Mère…

Bénéficiant actuellement d’un suivi psychologique post-traumatique le promeneur, qui a bien sûr souhaité ne pas révéler son identité par crainte d’être accusé du crime par les autorités (ce qui relève du bon sens le plus élémentaire), a confié que le cadavre lui faisait penser à un acteur américain très connu sans toutefois pouvoir mettre un nom sur ce visage. Si vous reconnaissez ce visage n’hésitez pas à en informer la rédaction.
Et la prochaine fois que vous vous promènerez sur les bords de l’Erdre méfiez-vous de ne pas subir ce genre de mésaventure.

C’est l’été, et notre rédaction avait du mal a se mettre quelque chose d’affriolant sous la dent. Par bonheur une mauvaise nouvelle est arrivée.Une barque abandonnée a été trouvée devant la plage de Ker Shanon à l’île d’Yeu, et tout laisse à penser que son occupant a trouvé la mort. Reportage.

Vendredi 18 juillet un plaisancier qui réintégrait son bateau a vu dériver à quelques mètres une barque vide; cette vision a fortement traumatisé l’homme qui a été placé en cellule de dégrisement. Ceci n’aurait rien d’inquiétant en soi mais certains indices évoquent malheureusement un drame de la mer. Un gros plan sur l’avant de l’embarcation montre nettement deux accessoires, une casquette Stepson et une paire de lunettes Vuharnais bien connus des services de la police maritime.

L’individu en question, fortement soupçonné de trafic de blagues en tous genres, serait celui qui fait le  pinpin sur une photo que nous ont livrée nos indicateurs sur place. Il avait déjà annoncé son souhait de mourir en mer pour faire parler de lui. On évoque aussi l’éventualité d’une commotion cérébrale suite à la vision intolérable de la dernière performance de Royal de Luxe avec la Grand-mère.

Il est inutile de préciser que tout a été mis en œuvre pour retrouver le cadavre, même si ce n’est pas une grande perte pour l’humanité, tout le monde en conviendra. De toute manière ça nous a fourni matière à un article lamentable qu’apprécieront sans doute nos lecteurs, surtout pendant les chaleurs estivales.

Décidemment cette année la série la plus en vue est une série noire ! une nouvelle affaire a en effet mis sur les dents la police locale et la presse régionale.
Vendredi 15 août, 14h12: un paisible touriste belge, Marc, artiste et photographe, en vacances à Tregunc, en promenade sur la plage de Trévignon, prend en photo un maillot breton et une paire de lunettes de soleil abandonnés sur un rocher (métaphore hardie du thème de la disparition, référence à Kojève et à Foucault); il signale ces faits à la police en échange d’un cornet de frites, laquelle commence aussitôt l’enquête après un petit verre de blanc. Le propriétaire des dépouilles (toujours pas réclamées à notre connaissance). ne se trouve plus sur les lieux à ce moment-là.

La zone est sécurisée, les chasseurs alpins sont mobilisés et toutes les personnes présentes sur la plage sont généreusement passées à tabac afin de découvrir les dessous a priori très affriolants de l’affaire. Des témoignages sont ainsi recueillis et l’inspecteur Duboudin tient dans la foulée une conférence de presse au bistrot du port. Christophe D., notre correspondant à Saint-Pierre et Miquelon en vacances à Téhéran, est bien sûr présent. Compte-rendu et dernières infos.

L’inspecteur Duboudin a révélé des faits nouveaux: le récit terrible d’une moule qui a eu la bonne idée de prendre des photos avec son smartphone. Témoignage de l’intéressée:

“J’étais tranquillement assise en bord de plage en train de téléphoner à ma mère, au soleil, lorsqu’un homme s’est approché en faisant le fier à bras (genre Aldo Macione). Il a tourné un certain temps dans le coin en marmonnant dans la barbe qu’il n’avait pas des mots étranges, comme des incantations. Son comportement était erratique, désordonné, incohérent, en un mot inquiétant. Son attention s’est fixée sur un groupe de mes semblables installé un peu plus loin sur un rocher à fleur d’eau; il a effectué des passes cabalistiques autour de celles-ci, allant et venant dans les vagues, et a prononcé ce qui doit être une formule incantatoire:
“Ah! il y a autant de moules que dans un bordel!”
ce qui, après consultation d’un expert en droit immobilier, dénote un esprit en pleine confusion sexuelle et mentale.
Pendant tous ces faits et avant de prendre la précaution de fermer ma coquille j’ai eu le temps de prendre quelques clichés, ce n’est pas tous les jours qu’on voit ce genre de comportement en pays Treguncois !
lorsque j’ai rouvert la coquille après une petite sieste l’individu avait disparu, comme volatilisé, seuls restaient, posés sur le rocher, ses lunettes de soleil et son maillot breton bleu et blanc.
J’ai eu la peur de ma vie et ne reviendrai certainement jamais sur les lieux, surtout que je suis actuellement en train de cuire dans une cocotte avec du vin blanc”.

Selon l’inspecteur Duboudin les pistes sont multiples:
enlèvement par des extra-terrestres bretons? attaque de moules tueuses (elles dévorent littéralement leurs victimes) ? on dit même que l’homme se serait fait raconter de vive voix la terrible performance de Royal de Luxe avec la Grand-Mère par un spectateur survivant, ce qui aurait causé des dégâts irréversibles sur son cerveau déjà endommagé par le climat breton et l’eau-de-vie de pomme locale, et l’aurait incité à abandonner tout instinct de survie en nageant vers le large.
Bien évidemment la piste belge n’est pas exclue, on parle d’un règlement de comptes entre trafiquants de blagues entre Nantes et Bruxelles. Le commissaire Janssens, qui s’est fait remarquer dans la résolution de l’affaire des frites de Marylou grâce à son chapeau pointu et ses pets affutés, a été convoqué au ministère de l’extérieur.
De telles hypothèses ne manquent pas de faire froid dans le dos, surtout que le temps s’est considérablement rafraichi ces derniers temps, et il est à parier que le tourisme en Bretagne en pâtira. Les Bonnets Ronds ont déjà prévu une manifestation pour obtenir le filtrage de ce genre d’individu suspect dès 2015.

Personne ne peut oublier la douloureuse disparition de Trégunc de cet été. Dominique F., le fameux détective belge, digne descendant d’Hercule Poivrot, a travaillé sur le sujet lors de ses vacances en Bretagne et nous a livré quelques éléments nouveaux qui, n’en doutons pas, feront avancer l’enquête à pas de géants. Nous ne nous attarderons pas sur les allégations fallacieuses quant à une supposée incompétence de l’inspecteur Duboudin, la célébrité de notre star de la police éveille quelques jalousies au sein de la police belge, c’est normal.
Rapport de Dominique F.:
“Soyons bref (on évite ainsi, par la force des choses et des marées, un maximum de coquilles), l’enquête que nous menons de notre côté avance à pas de guingois (bretonnant ça, non?) et nous permet déjà de vous assurer déjà que:
– 1. au vu des photos transmises par vos bons soins, le maillot (slip) du disparu peut être aisément qualifié de « moulant », ce qui cadre (trop?) parfaitement avec notre affaire; nous préférons toutefois les maillots des filles (et ne parlons pas de ce qui va dedans).
– 2. nous vous invitons par ailleurs à faire preuve de la plus grande circonspection quant au sérieux du travail de l’inspecteur Duboudin dont nous ne trouvons aucune trace dans notre annuaire de la « Corporation des plus fins limiers de la Planète, océans compris, et de ses environs » (spécialisés tant dans le menu fretin que dans le gros poisson amené à tomber dans leurs filets).
Nous joignons à la présente deux clichés pris au cours de ces derniers siècles à Trégunc et susceptibles de faire progresser l’enquête:

la première photo représente, non pas d’étranges roches, mais bien d’appétissantes moules de terre, assez grandes néanmoins pour que l’on se mette à penser (cauchemarder même) qu’elles pourraient être anthropophages, et donc peut-être à la base de nombre de disparitions restées inexpliquées, dont celle qui nous occupe, voire nous préoccupe;

sur le second cliché, pris à la sortie de l’église par un photographe du dimanche, visez le gamin sur la droite. Secoué par la fessée de sa vie, celui-ci semble vouloir échapper aux jupons qui l’entourent et disparaître pour de bon. Reste à l’identifier. Ce ne sera pas simple car ce titi fait le gros dos et s’encourt, s’apprêtant ainsi déjà à réussir son coup en disparaissant au moins de la photo. Bref, il faut faire vite!
Bien à vous, Dominique
ps: nous transmettrons dans notre prochain pli la « douloureuse » relative à nos émoluments.”

Gageons que ces éléments feront avancer l’enquête, et nous rappelons à nos lecteurs qu’ils ne doivent pas hésiter à recourir à la délation s’ils reconnaissent sur ces photos une bretonne ou des moules de leurs connaissances. Idem d’ailleurs s’ils connaissent des personnes impliquées dans la performance de Royal de Luxe avec la Grand-mère.

De notre envoyé spécial en Tanzanie, Christophe D.

ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR: cet article présente des photos susceptibles de heurter voire traumatiser des personnes sensibles.

L’affaire de Tregunc, toujours non résolue refait encore surface comme une vieille moule gonflée par la décomposition. Notre reporter Christophe D. somnolait, bien au chaud devant son feu de bois et sa télévision. Mais sa trêve hivernale a été brutalement interrompue par un nouvel événement d’importance: l’inspecteur Duboudin avait reçu un indice de première bourre pour l’avancement de l’enquête: une carte postale de Normandie qui évoque le mystère qui nous préoccupe présentement.
Revue des faits et analyse.

C’est cet été que l’inspecteur Duboudin avait reçu cette carte, mais il l’avait oubliée dans la poche intérieure gauche de son slip, et c’est en mettant celui-ci à laver comme d’habitude pour la nouvelle année qu’il s’est aperçu de cet oubli lamentable dû à l’abus d’alcool et à son peu de penchant pour l’hygiène.

© Editions Le Goubey – Caen (special thanks to Patrick Le Goubey)

Au recto de cette carte: une moule et une frite sur fond de vagues. On peut penser au premier abord au fameux plat belge des moules-frites, mais selon notre limier cela pourrait être une pure provocation de l’auteur de la disparition (ou du disparu lui-même). Eh oui, l’inspecteur Duboudin énerve les criminels.
Le texte « En Normandie quand il y a de la moule on a la frite !!! » traduit bien cet état d’esprit. Le message est clair: « Attrape-moi si tu peux, Duboudin, je suis en pleine forme, je me promène et je te ballade ».

Au verso un texte énigmatique :
« EN NORMANDIE on lit la gazette et branché sur le net on suit très attentivement le récit du mec qui a disparu étrangement sur la plage de Trévignon. D’ailleurs on s’est aperçu qu’ici aussi d’étranges indices et coïncidences se répètent. Une pin-up vient d’entrer dans la chambre avec un T-shirt Conchita WÜRTZ; inspecteur qui a fait le gay… »
Puis
« Non ce n’était pas l’Eurovison mais un plat de moules déguisé!… »
Le texte est en deux parties, de deux écritures différentes, ce qui laisse à penser que le ou la coupable a un ou une complice, à moins qu’il ne s’agisse d’un cas aïgu de schyzophrénie galopante.
D’ailleurs, quid de ces allusions au net, à Conchita WÜRTZ, à l’Eurovision?
« A tous les coups c’est un message codé », subodore Duboudin devant son verre de blanc. « Le coupable veut se mesurer avec moi et met à l’épreuve mes nerfs. Ah mon gaillard tu ne sais pas à qui tu as affaire ! sous-estimer Duboudin c’est risquer de tourner en eau de boudin ! ».
Détail rédhibitoire certaines parties du texte, notamment les signatures, ont été diluées par le vin blanc et sont illisibles.

Notons aussi la présence d’un timbre poste étrange représentant un crabe menaçant un château de sable avec une pelle et un râteau.Le sens est clair: « la justice française (et notamment l’inspecteur Duboudin) n’est qu’un château de sable que je vais détruire, ah ah ah ».

Revoyons les hypothèses:
– Le crime ou l’enlèvement : moules tueuses, extra-terrestres, tueur en série, de toute façon il s’agit de criminels confirmés qui se permettent même la provocation envers l’inspecteur de police le plus confirmé de la planète.
– Le suicide : dans ce cas qui a envoyé la carte postale? sans doute un citoyen lambda qui veut faire l’intéressant.
– Encore un dégât collatéral des performances de Royal de Luxe.

Les contacts ont été pris avec la cellule spéciale de décryptage de l’Insécurité Nationale, scanner 3D, IRM, analyse graphologique, coloscopies, la poste locale et tous les restaurants de moules-frites on été perquisitionnés. Mais au final on n’est pas plus avancé, et on s’étonne même d’avoir perdu tant de temps à écrire et à lire cet article.